Condo Elite magazine- Summer 2015
Author: Andrea Pierce
With a background in both fine art and fashion, Mélanie Giguère’s artistic method combines techniques from both areas of her formal training. She begins with a sketch on a loose sheet of canvas, then, like the pleating of a skirt or the drape of a dress, she manipulates the canvas to create ripples and folds. The canvas is adhered to a wooden backing with the folded ridges intact, giving her pieces a dynamic sculptural aspect. In her latest series, Mélanie uses monochromatic black, grey, and white to render her figures and applies bright and bold tones to the more abstract portions of her pieces, heightening the contrast between the figural and abstract in her work.
Mélanie developed an under-standing of threedimensional forms and textiles in her many years working as a designer for the renowned Maison Simons, where she put her colour sense and stylish eye to great use. She believes as a visual artist it is important to recognize and adhere to the latest decor, fashion, and architectural trends, since art thrives in settings where these elements have been so thoughtfully considered. Her artistic passion is consistently felt in her paintings, as they serve as a reflection of her own emotions. She will focus on a particular mood and channel it through her chosen subject. The results of her expression are a lively and compelling focal point in any environment.
Mélanie Giguère’s paintings are part of many public and private collections, and are available through the Beauchamp Art Gallery at their recently opened, brand new location at 167 King Street East in downtown Toronto. www.beauchampartgallery.com.
Sofadéco Volume 9 n° 1- March 2014 (in french only)
Author: Sylvie Laberge
Chaque fois, c’est une surprise. Sera-t-il grand ou petit? Du type bazar ou de style Régence? On peut dire que l’atelier de Mélanie Giguère, c’est un peu tout cela!
l fait -23 °C en cet après-midi ensoleillé quand je sonne chez Mélanie. Sa main chaleureusement tendue est un réconfort, alors que je me débats avec mon attirail hivernal. Son atelier est tout juste à côté, dans ce qui était auparavant le domaine de son conjoint : le garage familial! Désormais divisé en deux, il sert de rangement en partie, mais surtout de lieu de travail et de création pour Mélanie. Elle en a fait un endroit convivial, personnel, où l’on sent tout de suite l’amour de la peinture : il y en a partout! Les quatre murs sont couverts d’affiches, de photos, d’étagères et d’espaces de rangement.
À gauche, de jolis miroirs ouvragés renvoient une image incomplète de cet univers, alors qu’un chevalet se trouve juste devant. Un peu plus loin, un meuble de travail, où trônent des tubes et des pots de couleurs, quelques pinceaux, un fragment de toile. Un panneau au mur attire mon attention : habillé de notes griffonnées, de citations et de portraits, il semble être des plus importants pour Mélanie, qui le contemple tous les jours. Mais en entrant dans le domaine de l’artiste, c’est quelque chose d’autre qui me fait ouvrir les yeux d’admiration : une toile entamée, qui occupe presque tout le mur du fond.
Y aller, coûte que coûte!
Une femme grandeur nature est dessinée sur l’immense pan de toile brute. Tout en noir et blanc, elle semble regarder au loin de magnifiques paysages que l’on ne peut que s’imaginer. Ses bras sont harmonieusement tendus vers l’arrière, sa jupe dessine de formidables arabesques autour de sa taille, ses yeux sont rêveurs… On dirait qu’elle va s’envoler! Le trait est habile, il n’y manque rien. C’est que Mélanie Depuis que j’ai 10 ans, je n’ai jamais arrêté de dessiner confie-t-elle. En fait, la toute jeune fille, irrésistiblement attirée par la peinture, ne pouvait se résoudre à en faire une carrière. Comme tant d’autres avant elle, elle s’était dit qu’il ne serait pas possible d’en vivre correctement. Alors, il lui fallait trouver autre chose. Le design de mode s’est presque naturellement imposé.
Par un heureux coup du hasard, la fin de ses études a coïncidé avec la période d’embauche d’une prestigieuse entreprise d’ici : la maison Simons. Satisfaite de sa situation pendant une bonne douzaine d’années, Mélanie a ensuite vécu une importante remise en question à la naissance de son premier enfant. En congé de maternité, elle a fait un constat impitoyable : J’ai réalisé que la vie, ça passe vite, mais vraiment vite ! » se souvient-elle. Fiévreusement, elle a alors attrapé ses pinceaux, rangés tout près, puisqu’elle n’avait pas cessé de peindre durant sa carrière de designer. Ce fut le début d’une longue succession d’essais, couronnée de quelques bonnes idées, et pimentée de tentatives un peu moins réussies! Puis, alors qu’elle suivait un cours de dessin, elle manipulait distraitement un bout de toile. Quelque chose s’est allumé en elle, diffus mais persistant… De retour chez elle, elle s’est mise au travail. D’innombrables tests plus tard, Mélanie a enfin mis le doigt sur les gestes qu’elle devait poser, et qui deviendraient rapidement sa signature : créer une impression de profondeur et, en froissant le tissu, procurer une troisième dimension à sa composition.
Belles ballerines
Ainsi, sur ses toiles s’élèvent par endroits de petites crêtes de deux ou trois centimètres de hauteur, telles les nombreuses pales d’un moulin à vent. On a presque envie de souffler dessus pour les voir tournoyer! De fait, les œuvres de Mélanie renvoient l’image du mouvement, de la brise qui s’accentue, d’une magnifique envolée. Ses ballerines, réalisées à partir de photos qu’elle a elle-même prises lors de séances privées, l’inspirent énormément. « En assistant à la danse, j’ai pu comprendre les mouvements de la ballerine, et je les revois clairement dans mon esprit quand je peins », explique Mélanie avec passion. Souvent, elle produit, en tout petit format, une toile avant de la réaliser pour de bon. Pourtant, il ne faut pas croire que tout est décidé d’avance : « Je peins beaucoup de façon impulsive, avec de la musique », confie-t-elle en souriant. D’ailleurs, elle termine souvent ses œuvres en les fouettant de petits coups à l’aide d’un instrument saturé de peinture; c’est une technique qu’on appelle en dripping anglais « À ce moment-là, ça passe ou ça casse! » termine-t-elle en riant.
Dans son petit coin aménagé à son goût, entourée de figures inspirantes, Mélanie vit sa passion à fond. «Je me trouve tellement chanceuse! » m’a-t-elle répété à maintes reprises durant notre rencontre. Vraiment, qui de l’artiste ou du public qui l’admire est le plus chanceux?